Industrie

La verrerie, de l’artisanat à l’industrialisation, 4 500 ans d’histoire

La verrerie, de l’artisanat à l’industrialisation, 4 500 ans d’histoire

Naissance d’un art

Si les objets en verre les plus anciens connus datent d’il y a mille siècles suite à des éruptions volcaniques, l’art de la verrerie n’était connu que sous l’antiquité. Les premiers artisans verriers viennent du Moyen-Orient, 25 siècles avant Jésus-Christ. Depuis, le verre est un objet rare, un luxe réservé à la noblesse. Il s’agissait de « verre moulé » et modelé à l’aide d’un noyau en argile, suivi d’une opération d’abrasion et de polissage. Ils avaient déjà la maîtrise des couleurs (très variées), mais c’était encore un objet opaque.

Les premiers verres transparents n’ont vu le jour que 10 siècles plus tard en Palestine. Quant à la technique dite « de soufflage », elle est apparu trois siècles avant Jésus Christ chez les phéniciens avant de se répandre en Europe au cinquième siècle de notre ère. Cette technique a permis la production de masse et de formes infinies de verre (du verre plat au verre creux). Le procédé de soufflage industriel, qui produit des objets creux comme des bocaux et bouteilles alimentaires ainsi que des instruments de chimie, a vu le jour aux États-Unis vers la fin du 18e siècle puis s’est répandu en Europe.

La matière première

La matière est obtenue par la fusion de silice à une température de 1500°C. Cela nécessite beaucoup de combustible. Au début, on utilisait du bois et du charbon de terre. De nos jours, les verriers utilisent du four à flammes ou électrique. Par ailleurs, la technique de recyclage moderne par broyage qui est courante et à la portée des professionnels de la verrerie (artisanale ou industrielle) de nos jours, n’était pas encore connue à l’époque.

Chaque année, on produit dans le monde 1,5 million de tonnes de verre creux, 5,5 milliards de bouteilles et de pots alimentaires. Cette course effrénée à la fabrication n’est pas sans conséquence à l’environnement. La production d’une bouteille en verre dégage deux fois plus de gaz carbonique que celle d’une bouteille en plastique. Le verre prend jusqu’à 50 siècles pour se décomposer, une vraie catastrophe pour la nature.

Le recyclage des verres

Heureusement que le verre est une matière recyclable à l’infini. L’apparition de la société de consommation de masse vers la moitié du siècle précédent a favorisé l’utilisation des objets en verre comme emballages perdus. En 1976, Jean Tournier la Ravoire est le premier à envisager la récupération des verres usagés pour une réutilisation comme « matière première secondaire » en France. De nos jours, toujours en France, 3 bouteilles sur 4 sont recyclées, soit 1,3 million de tonnes de verres récupérés dans les fameux bacs et sacs plastiques verts. La transformation en matières réutilisables consiste à trier les matières qui ne sont pas en verre. Le verre récupéré est broyé à l’aide d’un dispositif puissant (fabriqué par des spécialistes en fabrication de broyeurs), jusqu’à ce qu’on obtienne des petits morceaux : « le calcin ». L’avantage du calcin est qu’il fond à température plus basse (850°C), de quoi économiser une bonne quantité d’énergie. On trouve des broyeurs

Pour avoir du calcin de qualité optimale, c’est-à-dire trié par couleur, une opération en amont est nécessaire : le tri par couleur avant broyage. Mais actuellement, il est possible de faire un tri optique qui sépare automatiquement les matières en fonction de leur couleur et qui élimine toutes les impuretés. La technique permet d’obtenir un calcin de très haute qualité, réutilisable même en verrerie d’art.

Bien que l’industrie du verre ait connu un essor phénoménal depuis quelques siècles, il n’a jamais fait concurrence à la soufflerie traditionnelle qui crée des objets décoratifs, très appréciés des amateurs de verrerie d’art.

Post Comment